du vent des Monts de Balerne

du vent des Monts de Balerne Epagneul de Saint Usuge

Epagneul de Saint Usuge

Ma première bécasse

Ma première bécasse


 Ma première bécasse !

C’était au petit matin du 19 décembre 2007, il faisait froid. En effet, il gelait depuis deux ou trois nuits. J’enfilai bottes et veste huilée, puis, comme d’habitude, Urka, ma chienne Epagneul de Saint-Usuge, âgée de 4 ans, monta à l’arrière de ma petite 206 grise et nous effectuâmes les quarante kilomètres qui nous séparent du village de mon grand-père où je chasse depuis l’âge de seize ans. Ce matin là, le temps était plutôt clair, l’air était vif et sec, le givre recouvrait les feuilles mortes, ça et là des flaques d’eau s’étaient transformées en miroir où se reflétaient les pâles rayons du soleil. Quelques nuages épars glissaient sous le ciel d’un bleu aquarelle. En respirant cet air pur et glacial, nous nous dirigeâmes tous les deux vers un bois situé le long de la Seille où une bécasse cantonnée depuis au moins deux semaines s’y complaisait assidûment. Effectivement, les dimanches précédents, Urka avait levé la Dame des bois dont je n’avais entendu derrière les arbres que le « fla-fla » caractéristique de cet oiseau migrateur.


J’accrochai une clochette au cou de ma chienne qui commença alors à explorer les fourrés de ronces et de fougères tout en s’enfilant dans le bois. Elle eut vite compris la façon de procéder dans ce milieu où seule, elle avait accès. Il n’y avait pas de contact visuel possible, par conséquent, elle devait rechercher le contact auditif en s’arrêtant quand elle avait besoin de me situer. Le coup de sifflet bref que je donnais en réponse à son silence, signalait ma position ; renseignée, elle repartait, se faufilant, invisible sous cette couverture. La musique de la cloche s’éloignait et je suivais à l’oreille le parcours de ma chienne ; dans ces conditions, la chasse à la mordorée est vraiment une chasse aveugle. Après deux heures de recherche, chaque parcelle fouillée méticuleusement semblait désespérément vide. Je décidai alors de me diriger vers la dernière pose connue. Arrivé à proximité de l’endroit recherché, la cloche se tut : j’avançai encore de quelques pas puis je découvris Urka pétrifiée, comme statufiée par le froid, devant un amas de fougères. Lorsque le « chut » habituel signalant ma présence parvint à ma chienne celle-ci se mit à couler, s’arrêta de nouveau au pied d’un bouleau. Le sang se mit alors à bouillonner dans ma tête. Soudain, la Reine des bois décolla vigoureusement, puis trois coups de feu précipités retentirent de mon Beretta. La Scolopax bascula, Urka se précipita au point de chute et trente secondes plus tard, elle me la rapportait fièrement.

Je pris la bécasse dans sa gueule, puis caressai longuement ma chienne, savourant le bonheur…

  Valérien BOSNE